Un bon ami
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Cicéron nous donne une bonne leçon d’amitié. Une amitié sincère et durable, fondée sur des valeurs au-delà des clivages politiques, de la race ou de nationalité.
Au moment où nos sociétés se déchirent, les nations s’entretuent, nous ne pouvons passer sous silence, cet exemple si élogieux qui remonte de l’Antiquité classique : c’est le Pro Archia Poeta, un discours judiciaire.
Notre approche n’est pas académique, ni rhétorique, mais sociale en vue de tirer des leçons devant nous servir aujourd’hui. Elle ne doit pas ainsi faire l'objet de critiques du point vue des faits par rapport à ceux du discours authentique.
Cicéron et Archias sont amis : l’un est romain et l’autre, Grec.
Dans son enfance, Cicéron a vécu en Grèce, cette métropole réputée d’art et de science. Il fit ses études dans des grands centres et il a fréquenté des grands professeurs Grecs. C'est de là qu'il a rencontré Archias.
Certes Archias l’a guidé, nonobstant sa nationalité romaine, ils vécurent en frère.
Ils ont passé des moments merveilleux ensemble : ils sont vraiment frères, une fraternité basée sur les valeurs.
Leur amitié était de nature authentique au de-là de la nationalité, au de-là des tribus, que dirais-je encore… de l’amitié pure.
Cherchez ailleurs des arguments, si vous pouvez : ni la conduite d'Archias, ni celle de ses amis, ne sauraient vous en fournir. Vous me demanderez, Gratius, pourquoi Archias m'inspire un si tendre intérêt ? C'est que je trouve dans ses ouvrages de quoi délasser mon esprit fatigué du tumulte des affaires, de quoi reposer mes oreilles importunées des clameurs du barreau. (§12)
Cette réalité était au centre de la prédication du Christ : au nom de l’amour, il n’y a plus de différence, ni de rejet entre juifs, païens, esclaves, africains, européens, américains, asiatiques… Tous, désormais, appartenons à la même race, celle de l’amour.
Bien avant la venue du Messi, Cicéron(romain) et Archias (grec), vécurent cet amour sincère, dis-je, céleste.
Ils étaient heureux l’un pour l’autre. Au terme de leur formation, après avoir reçus des rudiments solides et fréquentés des maîtres célèbres, Cicéron devint « avocat » et Archias, « poète ».
Leur dualité a payé. La bonne compagnie élève toujours, produit le bon fruit. C’est comme un arbre planté près du fleuve Congo ou de Tibre ; ou encore un grain jeté sur le sol fertile de Goma (République Démocratique du Congo).
Des années après, tout bascula… l’esprit de xénophobie infecta les mœurs sociales…Les grecs et les romains s’entretuèrent…
Aujourd’hui ? Nos sociétés vivent ces mêmes réalités. Je laisse de côté les conflits du Rwanda et de l’Ouganda contre le Congo-Kinshasa, les luttes atroces entre la Russie et l’Ukraine. Je ferme les parenthèses…
Tandis qu’Archias, cet grec, ami de Cicéron, était installé à Rome, sa deuxième patrie, il n’était laissé de coté…
Il vécut l’enfer avant le jugement dernier. Dans son quartier, on le dénonce et on le traite d’étranger, au point même de le lapider. Le lapider ? bien sûr, Il échappa de bel le triste sort d’Etienne, disciple du Christ, dont nous parle les évangiles.
Archias était désemparé. Il ne savait plus à quel dieu se vouer…
Il était perdu au milieu d’une foule nombreuse dans une terre étrangère, qu’il considérait sienne. Car, Archias étant grec d’origine, a travaillé pour la gloire de Rome, des romains, ses frères par adoption.
Pour lui, Rome était sa patrie : il aimait beaucoup Rome plus que les romains natifs.
Archias, qui veut nous appartenir, et qui nous appartient par les lois, nous le rejetterions de notre sein ! surtout quand il a consacré de tous temps et ses veilles et son génie à célébrer les triomphes et la gloire des Romains !(§1)
Face à cette situation, Cicéron prend partie et dénonça la traitrise de ses frères de sang.
Il lui a témoigné son amitié authentique en redressant les pensées de ses frères romains, dont Gratius, le chef d’accusation.
Heureusement pour Archias, il n’était pas crucifié comme Jésus, le roi des juifs.
Si ma voix, dit Cicéron, formée par ses préceptes et soutenue par ses conseils, fut quelquefois utile aux opprimés, celui dont les leçons m'apprirent à défendre, à sauver les autres, ne doit-il pas lui-même trouver en moi, autant que le comportent mes moyens, et son refuge et son salut ?( §19)
Cicéron affirma sans ambages : La nationalité ne résulte non seulement du sang, moins encore des registres ou des cartes pour citoyens mais elle s’observe surtout et aussi dans le dévouement pour sa patrie.
Ainsi, Romains, conservez un homme à qui ses moeurs honnêtes, vous le savez, ont valu des amis illustres, des amis constants ; un homme que ses talents supérieurs, vous le savez encore, ont fait rechercher par les plus beaux génies…(§31)
Cicéron les place devant un fait accompli : entre un citoyen qui trahit sa patrie et un étranger qui la sauve, qui doit être appelé fils du pays ?
C’est ainsi qu’Archias est tiré de l’affaire et l’esprit de xénophobie voué au diable :
Ils s’embrassèrent tous deux comme des frères et non en baiser de Judas.
Certes Archias n’a pas regretté d’avoir connu Cicéron et d’avoir choisi comme seconde patrie, Rome de Romulus et Remus.
Ainsi, des siècles après, Rome a connu des empereurs d’origine étrangère. Nous citons, à titre exemplatif, Septime sévère, empereur d’origine africaine.
Au moment où le monde se veut un village planétaire, une diplomatie sincère et une étroite collaboration entre nations, peuples, s’avèrent indispensable. Ne dit-on pas que, là où je suis bien, c’est là ma patrie ?
En tout cas c'est une belle et bonne leçon de vie !!!
RépondreSupprimerMerci pour cette magnifique histoire !! Nous attendons tant d'autres avec impatience !
Cool
RépondreSupprimerUne belle leçon de vie. Nous devons nous comporter en frère pour un monde beaucoup plus humain. Merci beaucoup.
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